On dit souvent que toute chose est pour raison précise. La brise tempère la peau séchée par le soleil, la pluie désaltère le monde qui a soif, la nuit qui tombe apaise les esprits et emporte nos paupières, la comptine d’une mère calme l’enfant qui pleure, l’homme beau attire la belle, et la belle attire l’homme heureux, la lune guide les pas dans les nuits noires… Mais moi, moi, pourquoi suis-je venu ?

Godefroy Ségal

Les chiens nous dresseront

La Naissance d’une Nation. Écrit par Godefroy Ségal - Mise scène Julien Gauthier - TNP

70min

Tout public

A partir de 7 ans

Note de mise en scène.

Le travail sur « Les chiens nous dresserons » est né d’une mise en espace réalisée dans le cadre du cercle des lecteurs codirigé par Jean-Pierre Jourdain, directeur artistique du TNP et Jean-Loup Rivière, directeur de la section théâtre de l’ENS.

Cette saison, Christian Schiaretti nous a donné l’opportunité, avec la troupe permanente, de pousser plus avant ce travail sur la pièce de Godefroy Ségal.

Nous n’avions alors que le texte en mains, des déplacements, du rythme, du sens et des épées en bois. 

La précarité de l’exercice de mise en espace fonctionne. Le spectateur achève le tableau avec son imaginaire. On lui donne un squelette, il y voit un corps plein de vie ; on lui présente un croquis, il imagine un tableau de maître. 

J’aime ce procédé, il possède une dynamique extrêmement puissante et jubilatoire.

Pour enrichir le spectacle, nous intégrons désormais un travail de lumières, une finition de costumes et d’accessoires plus travaillée. Le texte su par la troupe plus au complet, une choralité plus appliquée et un dispositif scénique qui reste dépouillé mais mieux fini.

Je cherche à conserver une précarité de représentation, même dans une finition plus aboutie, et cela avec une base de costumes neutre, un espace vide pour unique décor et un travail du récit choral, pour trouver une esthétique poétique du propos et de la forme, une force suggestive, évocatrice, ludique.

Ce texte explore le monde médiéval, les codes féodaux et chevaleresques. Il pose une réflexion sur la guerre et soulève l’énigme du guerrier, questionnée par un narrateur, à travers les époques et les auteurs. Il s’agit d’un récit épique bien ficelé dont le sujet est le même que celui d’un roman d’aventures moyenâgeux comme Guillaume d’Orange ou les romans de Chrétiens de Troyes, mais écrit dans un style moderne où la langue est presque contemporaine.

Les chiens nous dresseront est pour moi le terrain d’expérimentation d’un théâtre choral et démesuré. Apprendre à représenter la multitude aussi bien que l’individu en gardant le fil du récit, le tout avec peu de moyens, voilà ma recherche, ma passion.

A huit acteurs, nous allons représenter la régence de Charles V jusqu’à son sacre à Reims après la victoire française à la bataille de Cocherel contre les Anglais et Navarrais, et ceci grâce à l’habileté guerrière de Bertrand Duguesclin et de ses hommes.

Au beau défi de troupe !

  • Captation complète du spectacle

Bertrand du Guesclin : Roland ! Lomet ! Goyon ! Lomet : Bertram ? Bertrand du Guesclin : J’ai entendu dire que des Anglais se rassemblaient en Normandie. Que les gars se préparent. Nous partons ce soir.

Godefroy Ségal

Résumé résumé de la pièce.

Goderoy Ségal donne à sa pièce un héros, Bertrand Duguesclin, petit noble breton né en 1320, analphabète, homme violent, très laid, surnommé le « Dogue Noir » à cause de ses allures de chien de guerre et de son teint basané. 

Duguesclin, figure épique de la 1ère partie de la guerre de 100 ans, est, selon Jean Froissart – important chroniqueur de l’époque médiévale – un homme au génie militaire comparable à celui des plus grands tels qu’Alexandre le grand, Pépin le Bref ou encore le roi Arthur.

L’action débute à la mort de Jean II le bon en 1364 et s’achève avec le sacre de Charles V, en pleine période de trouble et de grande fragilité du royaume de France. Le traité de Brétigny vient d’être signé en 1360 avec l’Angleterre, laquelle annexe plus de la moitié du territoire français et assomme le pays de lourds impôts. 

Le roi d’Angleterre Edouard III ainsi que le roi de Navarre Charles, dit « Le Mauvais », convoitent la couronne de France aux dépens de Charles V, régent, grand esprit lettré mais maladif et dépourvu de talent guerrier et d’appuis solides.  

Trente années de guerre ont ravagé la noblesse française, et, par conséquent, la Chevalerie. Charles V brave alors les traditions, en désignant Bertrand Duguesclin, dénué d’ambition et de rivalité politique envers son roi, à la tête de l’armée française. Leur alliance durera jusqu’à leur mort où ils laisseront le territoire français presque entièrement reconquis.

La pièce met en perspective l’action par le biais d’un narrateur qui nourrit toute une réflexion sur la guerre et fait entendre des poèmes et textes de C.Péguy, T.Corbière, A.d’Aubigné, B.Cendrars, R.Desnos… La plupart de ces auteurs ont été impliqués dans les guerres de leur temps et leur parole percute le destin de Duguesclin à travers les époques, leurs vers contrebalancent, remplissent les silences du guerrier. 

Littérature et action s’entremêlent, se  complètent, se font écho… tout comme Charles V, homme de lettres, et Bertrand Duguesclin, homme d’action,  ont pu se trouver, selon Georges Minois, pour « fonder La Nation ».

Équipe artistique

Mise en Scène

Julien Gauthier

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Assistanat

Audrey Laforce - Laure Charvin

Jeu

Clémentine Verdier - Juliette Rizoud - Laurence Besson - Julien Tiphaine - Clément Morinière - Olivier Borle - David Mambouch - Damien Gouy

Lumière

Vincent Boute

Accessoires

André Thoni - Laurent Malval

Costumes

Thibault Welchin

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