« Parler d’art ou d’amour, c’est la même chose ! »

Julien Gauthier, petit-neveu d’Alice Sapritch, a toujours vécu dans le monde du théâtre. Après avoir appartenu comme comédien à la troupe permanente du Théâtre national populaire, il anime aujourd’hui la compagnie du Lyon qui présentera « Tristan et Yseult » au théâtre François-Ponsard le mercredi 19 mars. Entretien.

Julien Gauthier, pourquoi mettre en scène « Tristan et Yseult » ?

« Parce que c’est une belle histoire d’amour et que ça fait du bien. C’est une chose essentielle et c’est ce qu’il y a de plus beau. Cela permet aussi un tout un travail poétique sur le langage. »

Comment travaille-t-on sur le langage ?

« On vient chercher dans les origines de la langue, cette tradition orale dont on ne sait pas trop d’où elle vient, l’ancien viking, l’ancien allemand et plus tard le normand. C’est un spectacle qui a été créé dans le cycle « Berceau de la langue » pour présenter les grandes œuvres aux plus jeunes. Nous avons repris cette expérience avec le Théâtre du Lyon. »

Quels seront les décors ?

« Il n’y aura pas de décor. Tout est basé sur le langage. Les mots font images et c’est l’interprétation des comédiens qui, par leur langage, crée l’image. C’est le costume qui évoque le Moyen-Âge, avec ces sortes de chasubles et l’usage des lutrins. Juliette Rizoud et moi sommes deux acteurs qui lisent des textes, et de là naît le jeu. On est à la fois les narrateurs et les per-sonnages. Un comédien a plein d’outils pour exprimer ces changements. »

À qui s’adresse ce spectacle ?

« Le spectacle s’adresse aux enfants à partir de six ans, mais aussi aux adultes. C’est ce qui caractérise les « essen-tiels du Lyon », on peut jouer à la fois dans des théâtres ou des salles de classe, mais aussi en appartement… »

C’est aussi une histoire du XXIe siècle ?

« Bien sûr ! Ce qui est beau, c’est un amour interdit, donc éternel. Il y a un aspect magique avec le philtre d’amour. Au bout de trois ans, la magie devient inopérante mais ils s’aiment tout de même. L’idée de l’amour, ce n’est pas la fascination de l’autre, c’est ce qui se crée entre deux êtres. C’est proche de ce qui se passe au théâtre. Finalement, parler d’art ou d’amour, c’est la même chose ! »

Vous travaillez maintenant sur le mythe d’Icare…

« Oui, ce sera un spectacle musical. Nous raconterons le mythe d’Icare, j’interprète Dédale, l’architecte, donc l’image du metteur en scène. »

Ce futur spectacle sera joué à Vienne ?

« Oui, au début de la saison prochaine, au mois de novembre. »

• Propos recueillis par Jean-Yves Estre

Un mythe fondateur interprété ce mercredi.

Chef-d’œuvre de la littérature médiévale, l’un des mythes fondateurs de la pensée occidentale, l’histoire de « Tristan et Yseult » est racontée comme un voyage dans les littératures européennes du Moyen-Âge. Tristan, menant Yseult au roi Marc, son oncle, pour qu’il l’épouse, boit avec elle le philtre d’amour qui était destiné aux mariés. Liés par un amour et un désir absolu, les amants sont dès lors condamnés au mensonge et à l’adultère. « Tristan et Yseult », d’après Béroul et autres conteurs, adaptation de Pauline Noblecourt, avec Juliette Rizoud et Julien Gauthier sera joué ce mercredi 19 mars à 15 h 30 au théâtre François-Ponsard.